Biographie

David Benaïnous vit et travaille à Paris. Il reçoit son premier appareil photo à 13 ans. Cette passion ne le quittera plus. Ses premiers reportages seront pour la ville où il est né, Paris. Ses vieux faubourgs et Belleville en pleine transformation, ses oiseaux synonymes de libèrté et de prise d’envol… 
 

Mu par un devoir de mémoire, il repart à la source de ses origines et signe un très beau sujet sur l’Ile de Djerba. Cette recherche obstinée de mémoire l’emmènera durant plusieurs années au coeur des forêts de l’Europe de l’Est sur les traces invisibles des massacres commis sous le IIIè Reich (forêts, camps de la mort en Pologne, fosses communes en Ukraine). Cette expérience marquera pour lui un tournant décisif. Son oeuvre évoluera: la représentation du réel ne sera plus un but en soi, elle laisse toute sa place à l’intériorité. Le « sujet » n’étant plus qu’un prétexte pour exprimer, pour faire apparaître l’esprit caché sous l’apparente banalité de nos vies.
 

S’ensuivra un peu plus tard une synthèse de ses deux mondes. « D’une lumière à l’autre » présente les deux univers d’un photographe photosensible.
 

Photographe professionnel, David Benaïnous a effectué de nombreux reportages photographiques avec une approche documentaire et huma-niste, invitant chacun au voyage et à la rencontre à travers des visuels évocateurs (Paris, Djerba, Jérusalem, Europe de l’Est…). David Be-naïnous a également une perception avant-gardiste de la photographie, qui ne se limite pas à des prises de vues figuratives, mais se révèle dans un voyage sans fin autour de la lumière.
 

Il sort du cadre traditionnel de la photographie, et revient à sa définition première : capter la lumière et la restituer sur papier. Il se définit comme un «photographe photosensible». Il nous invite ainsi à voir au-delà des apparences... et nous présente des «instantanés de lumière». Véritables toiles, ses «photographies abstraites» se révèlent parfois être de véritables hommages ou de simples clins d’oeils aux artistes peintres contemporains (Pollock, Duchamp…). Rendre par la perception de l’instant des compositions artistiques com-plètes, telle est sa quête !
 

"La peinture est de plus en plus proche de la poésie, maintenant que la photo-graphie l'a libérée du besoin de raconter une histoire."  Georges Braque

Aujourd’hui familière, et complètement intégrée à notre quotidien, l’irruption de la photographie reste néanmoins un fait marquant de l’évolution récente, à l’échelle de leur histoire, des arts plastiques. Comme l’indique l’artiste français du début du XXè siècle, maitre du cubisme, la photographie raconte une histoire, reproduit au plus exact une scène. La main de l’artiste, qu’il soit sculpteur, peintre ou dessinateur, nous rapproche quant à elle de la poésie.
 

Et si l’art fait sans doute apparaître ces 'frontières', l’un de ses plaisirs consiste ensuite à jouer avec elles. Le peintre, comme Hopper, voire Magritte, ne peut-il s’appuyer sur la réalité 'réaliste' pour faire apparaître le rêve, l’imaginaire ? Mais alors, le photographe ne peut-il, lui, utiliser sa chambre noire comme d’un pinceau, pour faire apparaître la lumière, comme des 'grains de matière', disposés par une magie maitrisée, sur la surface sensible. C’est ce dernier challenge que nous offre David Benaïnous. Et la surface sen-sible n’est pas ici réduite à l’espace clos de la chambre noire : c’est toute l’âme du photographe qui semble être utilisée, pour faire apparaître ses 'épreuves'.
 

Dans chacune de ces œuvres, le sujet réel est perceptible, 'juste derrière', et un filtre nous le transforme pour ne plus en saisir que l’âme, incandescente, l’espace d’un instant. C’est la perception de cette fragilité, fugace, qui ouvre un univers immense. Comme l’indiquait l’écrivain Anais NIN, : 'Les chambres intérieures de l'âme sont comme la chambre noire du photographe. On ne peut y séjourner long-temps, sinon cela devient la cellule du névrosé.'
 

Les photographies proposées vont effectivement tellement plus loin à l’intérieur du réel – attention de ne pas trop se pencher…
 

On admire – on découvre… Qu'est-ce que c'est ? Il y a quelque chose de jubilatoire dans cette question, pour une œuvre qui montre tellement. 
 

Le réel est là – l'appareil photo sert à le capturer - et David Benanious ne transmet dans la plastique de son œuvre que la superficie, la lumière. Elle nous permet de sortir des ténèbres, tout en nous en rappelant l'omniprésence partout, tout proche... La lumière, en creux des ténèbres. La jubilation et l’angoisse. 

Découvrez – une belle aventure !